94
95
Jason Atherton
Jason Atherton
POINT OF VIEWS
POINT OF VIEWS
Chef étoilé par le Guide Michelin,
Jason Atherton a fondé The Social
Company, une populaire chaîne de 17
restaurants – un chiffre en constante
exp ansion –, notamment implantée à
Londres, Singapour, Hong Kong et
Shanghai. Jason Atherton a débuté
auprès de grands chefs comme Pierre
Koffmann et Ferran Adrià au El Bulli
avant de rejoindre en 2001 le groupe
Gordon Ramsay, pour lequel il a
travaillé près de dix ans avant de se
lancer à son propre compte. Son
restaurant phare, le Pollen Street
Social, a ouvert ses portes à Londres
en avril 2011 et a été étoilé six mois plus
tard. Cet épisode a aussi marqué le
début d’une florissante collaboration
avec Neri&Hu, qui ont aménagé
plusieurs de ses restaurants dont le
Kensington Social de Sydney, le
Aberdeen Street Social de Shanghai et
le Shosharu de Londres avec du
mobilier créé sur mesure et des
collections signature de Stellar Works.
Si les espaces conçus par Neri&Hu
pour Jason Atherton sont uniques,
tous présentent néanmoins une affinité
qui les rattache à l’identité de la
marque : une vision capable de
transformer des éléments culturels et
esthétiques orientaux comme
occidentaux en un ensemble
totalement novateur, frais et
contemporain.
Pouvez-vous nous parler de votre colla-
boration avec Neri&Hu et Stellar
Works ? Comment êtes-vous parvenus à
concilier vos visions sur autant de
restaurants ?
Jason Atherton : Le chef d’un restau-
rant a toujours clairement conscience
de l’aménagement qu’il souhaite pour
son espace et du rôle fondamental que
peuvent jouer l’éclairage, les sièges,…
dans le succès de son établissement,
sans pour autant perdre son budget de
vue. L’ouverture de mon premier restau-
rant londonien, le Pollen Street Social,
représentait beaucoup pour moi : je vou-
lais qu’il soit majestueux et classique,
dans l’esprit du quartier de Mayfair. Il
fallait qu’il porte une marque de fabrique
signée par Neri&Hu, auxquels j’ai donné
ces instructions et qui ont réussi à les res-
pecter. Nous avons récolté un immense
succès et, aujourd’hui encore, cet amé-
nagement reste parfaitement d’actualité.
Dans une collaboration avec Neri&Hu,
la première réunion consacrée à la
conception et à l’exposition de votre
vision est une expérience formidable :
le duo est ouvert à toutes les idées, là
où d’autres créateurs s’en tiendraient à
leur propre vision sans véritablement
tenir compte de la vôtre. Au contraire,
Neri&Hu savent parfaitement répondre
à vos attentes et déterminer ce qui
est possible au vu du budget, des
contraintes, etc. La confiance qui
s’établit alors est fondamentale, dans
la mesure où vous devrez faire avec le
design du restaurant, qu’il vous plaise ou
non.
Nous avons conçu jusque huit restau-
rants ensemble. Notre collaboration est
devenue très synergique, elle coule de
source et nous comprenons intuitivement
ce qui fonctionne ou non. Notre dernier
projet, Shosharu, est pour l’instant mon
préféré. Tout est magnifiquement réalisé,
jusqu’aux moindres détails.
Nous sommes aussi passés d’une col-
laboration entre créateurs et chef à
une relation de partenaires commer-
ciaux avec l’ouverture au sein de leur
fantastique espace Design Republic
de l’enseigne Social, dont le concept
consiste à proposer des tapas européens
aux clients qui y font leurs courses pour
leur faire découvrir quelque chose de
différent. Ce projet a récolté un immense
succès, les gens adorent.
Vous qui êtes un visionnaire en matière
de créativité culinaire, quelle impor-
tance accordez-vous à l’environnement
dans lequel votre cuisine est présen-
tée ? Comment percevez-vous ce lien ?
Pouvez-vous nous en dire plus sur le
mobilier, les collections et les pièces
créées sur mesure pour vos restaurants ?
J. A. : Neri&Hu ont conçu de nombreux
meubles sur mesure pour nos restau-
rants. Dans le cas de Shosharu, tout a
Jason Atherton
1 — Portrait of Jason Atherton
2 — Kensington Street Social, Sydney
3 — Aberdeen Street Social, Hong Kong
4 — Kensington Street Social, Sydney
4.
été spécialement pensé pour l’espace :
les fauteuils, le bar et les tables. C’est
fantastique, car il n’existe rien de sem-
blable ailleurs ; mais c’est également
risqué, car il n’y a pas d’essai possible,
comme s’asseoir dans un fauteuil Carl
Hansen & Son. Le succès a finalement
été total : les compliments abondent,
les clients adorent les fauteuils. C’est
devenu presque inconscient, ils me
répètent constamment que les fauteuils
sont extraordinaires.
Les restaurants Kensington Social et
Aberdeen Street Social jouent tous les
deux sur le contraste entre le côté indus-
triel – le verre et les finitions en
métal– d’une part et, de l’autre, la chaleur
du bois et du cuir. Les bâtiments qui les
abritent sont tous les deux liés au passé
industriel de Sydney et de Hong Kong.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
J. A. : L’aménagement de l’Aberdeen
Street Social et du Kensington Social
s’est avéré délicat : tous deux reposaient
sur le concept d’un espace-restaurant
ouvert tout au long de la journée, du
petit-déjeuner aux cocktails en soirée. Il
a donc fallu trouver un subtil compromis
entre la luminosité d’un espace diurne
© Nikki To
© Nikki To
2.
3.
4.