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Daisuke Hironaka
Daisuke Hironaka
IN THE WORKSHOP
IN THE WORKSHOP
Chez Stellar Works, l’environnement de
travail s’articule avant tout autour de
l’aménagement, de procédés de fabrica-
tion et de principes de gestion « à la
japonaise ». Pour gagner en efficacité, les
outils doivent toujours être visibles et
l’atelier propre et accueillant. Pourriez-
vous nous parler de ce mélange d’état
d’esprit japonais caractérisée par une
production à flux tendu mixée aux
cultures industrielles française et
chinoise qui sont indissociables de votre
identité de la marque ?
Daisuke Hironaka : Les règles qui
régissent le pôle « Tissu d’ameublement »
illustrent bien le style de gestion « à la
japonaise » : si par exemple une aiguille
se casse pendant la couture, l’aiguille
cassée doit être déposée sur le plan de
travail avant d’en obtenir une nouvelle
pour éviter de retrouver des aiguilles
dans les pièces de mobilier et pousser
l’artisan à être plus attentif. L’adoption
d’une démarche aussi exigeante leur
permet de progresser et d’atteindre le
haut niveau de qualification requis par
les techniques françaises, qui exigent
une délicatesse et une concentration
absolues. Viennent également s’ajouter
des compétences artisanales chinoises
transmises de génération en généra-
tion, elles aussi fondées sur une grande
minutie. Ce mode de gestion, qui illustre
parfaitement l’association unique de
trois cultures différentes, permet d’obte-
nir les meilleurs résultats.
Vous avez déclaré que « le principe de
visibilité [inscrit dans les méthodes de
l’atelier] permet de réduire les coûts, dans
la mesure où le client n’a pas à payer la
perte de temps générée par un manque
d’attention. » Est-ce encore votre point de
vue, en tant que directeur des opérations,
et exigez-vous donc toujours plus de vos
artisans et techniciens hautement quali-
fiés ? Vous dirigez aussi des employés
français et chinois ; attendez-vous d’eux
une conduite spécifique ?
D. H. : On doit chaque jour s’efforcer de
gagner en productivité et de réduire la
perte de temps ; bien plus que le fonc-
tionnement global de l’usine, c’est
toutefois l’association des trois natio-
nalités qui nous procure notre avantage
concurrentiel.
Les fournisseurs internationaux consi-
dèrent Shanghai comme « the place to
be », où l’on trouve ou importe facilement
des matériaux d’Asie ou d’ailleurs. Vous
l’avez décrite comme « un guichet
unique » proposant une vaste gamme de
matériaux « verts ». Pourriez-vous déve-
lopper ce volet « approvisionnement » et
son impact sur les opérations quoti-
diennes de Stellar Works ?
D. H. : On peut en effet y obtenir n’im-
porte quel matériau du monde entier,
accompagné d’une certification « maté-
riau écologique ». Être basé ici nous
offre assurément une plus vaste gamme
de choix et la grande quantité de res-
sources disponibles nous permet de
répondre aux demandes spécifiques de
nos clients, dont nous pouvons satisfaire
tous les désirs.
Comment faites-vous pour associer une
telle maîtrise artisanale – dont témoigne
la phase de prototypage, qui requiert 4 à
5 employés – à de telles innovations tech-
nologiques comme l’utilisation de bras
CNC-5 pour un prototypage rapide ou du
logiciel Laval Pro ? Comment êtes-vous
parvenu à concilier les différentes phases
manuelles et technologiques à une coû-
teuse finition sur mesure (languettes à la
française, rainures à la japonaise, etc) ?
D. H. : Si la fabrication des diffé-
rentes pièces repose sur l’utilisation
de machines, la finition du produit
exige en revanche un retour au travail
manuel garantissant un haut niveau de
précision et de qualité. Nous utilisons
par exemple une technique complexe
de menuiserie dite « du tenon et de
la mortaise » qui permet d’obtenir de
belles formes sans raccords, mais
requiert plus de temps et de compé-
tences. La valeur de notre mobilier
repose donc tant sur la technologie de
pointe que sur l’artisanat.
Qu’est-ce qui distingue Stellar Works
d’autres marques mondiales ? Les
grandes quantités de bois importé de
Chine, de Russie, du Canada, des
États-Unis et de France, comme le
noyer américain ou le frêne chinois,
contribuent-elles aux normes de qua-
lité élevées de la marque et à sa
reconnaissance actuelle et future sur
les marchés mondiaux du mobilier et
de l’hôtellerie ?
D. H. : L’usine est dirigée par des super-
viseurs internationaux triés sur le volet
et sélectionnés dans le monde entier. La
rencontre de leurs compétences per-
sonnelles issues de leurs expériences
précédentes (en Italie, au Japon, etc.)
produit un mélange unique qui confère
à Stellar Works son identité propre de
marque de design. Shanghai est par ail-
leurs une métropole florissante où nous
avons facilement pu convaincre des
professionnels étrangers expérimentés
de venir s’installer pour rejoindre notre
équipe et œuvrer à la spécificité et au suc-
cès futur de la marque.
At Stellar Works, the workshop
environment is first shaped around
Japanese-based design, manufacturing
processes, and management. To be more
effective, all of the tools need to be very
visible and the workshop should be wel-
coming and clean. Would you define this
Japanese production mind-set combined
with the French and Chinese manufactur-
ing culture which is also part of your DNA?
Daisuke Hironaka: A good example of
the Japanese style of management is in
the upholstery division. There is a rule we
apply whereby if a needle breaks while
sewing, it is mandatory to post the bro-
ken needle onto the board before you can
replace it with a new one. This is practiced
so as to avoid the needle being found in the
piece of furniture later on. This rule obli-
gates the craftsperson to be more focused
and attentive and through this more height-
ened approach to sewing, their skills will
continue to develop to the highest levels.
In addition, we add layers of the Chinese
handcrafted skills, which are also very
detailed and have been so for many gen-
erations. In this way we obtain the best
results. This is a great example of combing
all three cultures in a unique way.
As you have mentioned:“Being visible
[in our workshop methods] allows us to
reduce costs as the client will not pay for
our lack of attention if time is wasted.” Are
you always thinking that way as COO—
pushing further your expectations of the
craftsmen and highly skilled technicians?
Is there a specific way you’d like them to
behave knowing that you have also to
manage French and Chinese employees?
DH: The whole factory constantly needs
to strive to be more efficient, with less
time wasted wherever we can. Combining
all of the three nationalities is really what
our competitive advantage is, much more
than general factory efficiency.
Shanghai is the place to be for international
suppliers, where it’s easy to import and
access materials from Asia and the rest of
the world. You define it as a ‘one-stop shop’
with a vast array of green materials. Can
you please detail a bit more this context
with the supply side and how it impacts the
daily operations of Stellar Works?
DH: We can get any materials from around
the world and we can obtain a green ma-
terial certificate as well. It definitely gives
us more choices to be based here, and we
can fulfil many different types of require-
ments for our clients because we have a
large amount of resources here. We can
provide whatever the clients wishes.
How do you manage to combine a high
level of craftsmanship to high technologi-
cal developments? How do you harmonize
the handmade and technological phases
with bespoke and costly finishings, such
as French traditional tongues or Japanese
groove joints?
DH: We need high-tech machines to de-
velop the different parts, but afterwards
we need to move to the handmade for
detailing in order to finish the product
with a high quality of design. For example,
we use a more involved joinery technique
called mortise and tenon, which allows us
to achieve beautiful and seamless shapes.
However, this takes more time and skills.
Our furniture’s value is found in both the
handmade and high-tech.
How do you differentiate Stellar Works
from other global brands? Does the large
wood variety which is imported from
China, Russia, Canada, the United States,
and France, such as American walnut or
Chinese ash, act as one of the major sourc-
es for the brand’s high standards, as well
as its current and future recognition on the
global furniture and hospitality markets?
DH: The factory is run by international
managers who we hand pick from all
around the globe. As such we can utilize
their individual strengths and skills that
come from each of their different back-
grounds—mixing them and creating a
unique blend of Italian, Japanese, etc., that
differentiates Stellar Works as a design
brand. In addition, Shanghai is a thriving
metropolis and we can easily invite expe-
rienced, international professionals to join
our team to continue our distinctive brand
as it grows into the future.
4.
5.
4 & 5 — Inside the Stellar Works factory,
photos courtesy of Stellar Works