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STORYTELLING
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Rossana Hu & Lyndon Neri
Rossana Hu & Lyndon Neri
Comment définiriez-vous la vision de
Stellar Works au sein de Neri&Hu ?
Lyndon Neri & Rossana Hu : Je pense
que Stellar Works se marie parfaitement
avec la vision et les projets de création
du studio d’architecture, de design d’in-
térieur et de projets multidisciplinaires
de Neri&Hu. Nous aimerions forger une
marque fondée sur cette vision de la
création, ou incarner cette vision à tra-
vers une marque. Stellar Works nous
permet de réaliser ce rêve et présente
en outre de nombreuses caractéris-
tiques auxquelles nous aspirons. Nous
aimerions par exemple être une marque
à la fois asiatique (basée à Shanghai) et
internationale capable de faire entendre
sur la scène de la création une voix
empreinte des différentes cultures de
Shanghai et forger l’identité hybride qui
est aujourd’hui la nôtre dans toutes les
disciplines que nous pratiquons. Voilà
comment nous nous définirions.
Comment mettriez-vous au goût du jour
cette définition (extraite du premier
catalogue de Stellar Works) : « Stellar
Works met en exergue les sources cultu-
relles qui nourrissent l’inspiration à la
croisée de l’esthétique de l’Orient et de
l’Occident, en combinant le raffinement
et l’élégance qui sont des conceptions
françaises et japonaises de la beauté, à
la simplicité nordique et l’excellence
artisanale italienne. » ?
N.&H. : Nous considérons que Stellar
Works est en position de créer quelque
chose de vraiment unique. Sa voix parle
de la Chine, et plus précisément de
Shanghai, mais d’une Chine qui n’est
pas encore présente sur la scène mon-
diale, dans la mesure où elle n’est pas
perçue comme un lieu de création. Nous
espérons donc introduire une concep-
tion de l’esthétique qui est encore
absente de l’univers du mobilier. La
France y est subtilement présente, tan-
dis que le minimalisme japonais y côtoie
l’éclat rustique de Shanghai ; la simpli-
cité et l’esthétique presque minimalistes
que le design japonais a introduites sur
la scène du design sont aussi pour nous
d’excellentes pistes créatives. Ce sera
également l’occasion de s’écarter de ce
qui s’est fait jusqu’à présent.
Shanghai est une ville, un carrefour, une
fenêtre ouverte sur l’Asie et sur le
monde. Qu’est-ce qui fait la singularité
de cette ville et quelle influence exerce-
t-elle sur la vision et les stratégies de
Stellar Works ? Comment cette marque,
qui n’a un peu plus que cinq ans, est-elle
parvenue à passer aussi rapidement du
secteur de l’hôtellerie/de l’équipement à
des projets sur mesure ?
N.&H. : Shanghai est un véritable creu-
set : elle dépose tout ce qui y circule
dans un récipient qu’elle met sur le
feu jusqu’à obtenir un mélange qui
sera ensuite consommé par ses habi-
tants, locaux comme étrangers. Dans
les domaines des affaires, de la créa-
tion, de la mode, de la peinture ou de la
musique, tout ce qui s’y passe est donc
unique, dans la mesure où c’est la pre-
mière fois que la Chine monte sur la
scène internationale. Tous les regards
se tournent donc vers elle. Considérée
comme la ville la plus internationale et
expérimentale, Shanghai est perçue
par beaucoup comme « la voix » de la
Chine. Son intérêt découle aussi du fait
qu’elle soit un carrefour international
peuplé d’habitants du monde entier. La
diaspora chinoise renvoie à une commu-
nauté qui a pris le chemin de l’étranger
et revient sous forme d’investissements
ou d’une nouvelle génération désireuse
de moderniser les structures du pays,
notamment les sociétés immobilières.
Ce phénomène favorise l’implantation
de la plateforme et de la stratégie de
Stellar Works à Shanghai, puisque
sa production a pour vocation d’être
consommée et que nous souhaitons
exploiter l’énergie et la nature encore
brute de la ville. Si Shanghai est un
centre de création unique, c’est égale-
ment parce que la culture locale est en
pleine effervescence. Le côté brut de la
ville rencontre donc la sophistication de
la communauté internationale : difficile
de prévoir ce qui sortira de ces nou-
veaux mélanges.
Vous assumez depuis trois ans la direc-
tion artistique de Stellar Works. Vous
avez redéfini l’identité, la mission et la
vision de la marque sur les deux ans à
venir. Quels sont les principaux défis à
relever et les résultats récemment
récoltés ?
N.&H. : Nous voudrions que Stellar
Works devienne une marque de design
exclusive, mais il reste encore beau-
coup à faire au niveau de nos principes
de gestion élémentaires pour y par-
venir. La marque a été fondée autour
de son usine de production d’équipe-
ment : il nous faudra donc réfléchir
aux contrats que nous allons accepter.
Ce changement d’orientation pour-
rait réduire l’énergie que nous allons
consacrer à la direction artistique de la
marque, qui repose sur la combinaison
création-design / production de mobi-
lier destinée à des projets. L’une de nos
priorités consistera donc à atteindre ce
subtil équilibre. À l’échelle internatio-
nale, Stellar Works a en outre exercé
une influence limitée au sein du secteur
de la vente ; nous devons donc identifier
des parts de marchés et sensibiliser les
clients susceptibles d’être intéressés
par notre mobilier.
Comment situeriez-vous la marque
Stellar Works ? Se positionne-t-elle
comme la première marque de mobilier
design haut de gamme basée à
Shanghai ?
N.&H. : Stellar Works n’est pas la pre-
mière marque de mobilier design, mais
c’est la première dont le personnel est
international : ses propriétaires, sa
direction artistique, ses designers et
le reste de ses employés viennent des
quatre coins du monde. Nous sommes
donc la première marque dotée d’une
telle identité, d’ailleurs très caractéris-
tique de Shanghai.
3.
2 — Neri&Hu, Mandarin Bench
3 — Neri&Hu, Industry Chair Series
2.
© Su Li
2.