selection of lamps designed by Le Cor-
busier for his Paris apartment-atelier,
the maison La Roche, the Marseille Cité
radieuse, the Chandigarh Capitole.
► « Une lampe électrique est désor-
mais chose familière à nos yeux ;
alors, pourquoi ces demi-mesures au
lieu de laisser tout bonnement l’am-
poule à nu, munie d’un banal abat-
jour en verre mince et laiteux, qui
donnera l’impression du naturel et de
la simplicité. »
Tanizaki Junichirô
Eloge de l’ombre
(Traduction René Sieffert)
Dans la maison La Roche qu’il réalise en
1925 à Auteuil, Le Corbusier radicalise
la proposition de Tanizaki, en alignant
trois ampoules nues, fixées par des
tubes au plafond de la salle à manger
du collectionneur. Il reprendra le même
principe pour ponctuer la galerie de
peintures : des ampoules nues, à l’extré-
mité d’une perche, ou sur des appliques
formées d’un coude tubulaire très court
posées dans les coins et recoins. Dans
les escaliers, la promenade architectu-
rale est guidée par des appliques Cha-
lier, ready-made détournés, portant des
néons ; les espaces de repos et de lec-
ture sont simplement éclairés par des
lampes posées sur des tables. Seul le
grand luminaire dessiné en 1928 consti-
tue une véritable création qui vient tout
à la fois structurer le grand volume de
l’espace d’exposition, mettant douce-
ment en valeur les peintures cubistes et
puristes tout en les protégeant de la lu-
mière du soleil levant sur le mur oppo-
sé. La maison La Roche illustre parfaite-
ment la manière dont l’architecte utilise
les dispositifs électriques pour venir
combler par doses très mesurées les
manques de la lumière naturelle pour
permettre à celui qui l’habite de circuler
sans danger et d’y vivre sans ostenta-
tion. Si la salle à manger, lieu privilégié
de réception des hôtes de La Roche,
bénéficie de nombreuses sources lu-
mineuses, l’immense hall d’entrée reste
dans la pénombre : espace monochrome
destiné à éblouir le visiteur dans la jour-
née par la lumière qui jaillit du pan de
verre, l’éclairage minimaliste qui ac-
cueille les invités doit produire le même
effet d’aveuglement le soir… Le dessin
des luminaires, leur positionnement,
leur puissance se situent constamment
au point de tension entre l’ombre et la
lumière, entre besoin et confort, entre
simplicité et mystère. Dans cette mai-
son unique, la mise en lumière suit la
même logique que la mise en couleur :
elles participent toutes deux de l’archi-
tecture, elles contribuent ensemble, au
même niveau, à en préserver l’effet de
surprise, à en réserver le plaisir de la dé-
couverte à celui qui la parcourt aux di-
verses heures de la journée, dans toutes
les dimensions de l’espace et du temps.
Avant même d’avoir réalisé ses créations
architecturales, Le Corbusier conçoit
des luminaires pour les aménagements
intérieurs des appartements de ses pre-
miers clients. Il ne cessera par la suite
de dessiner des appareils d’éclairage
pour accompagner toutes ses construc-
tions, de l’humble Cabanon de Roque-
brune-Cap-Martin, aux bâtiments du
Capitole de Chandigarh. Il utilisera des
bulbes de verre « mince et laiteux » pour
son propre appartement de la rue Nun-
gesser et Coli. Il s’inspirera le plus sou-
vent de systèmes ou d’objets existants
qu’il adapte, détourne, met en couleur.
Tous conserveront une forme simple,
composée de matériaux pauvres, qui
viendra parfaitement s’adapter aux élé-
ments épurés de son architecture sans
la parasiter, la décorer.
Ce sont ces qualités que, par une dé-
marche de réflexion menée en commun
et par une mise en œuvre soigneuse,
nemo et la Fondation Le Corbusier
souhaitent transmettre en rééditant
une sélection d’appareils d’éclairage
conçus par Le Corbusier pour son ap-
partement-atelier à Paris, la maison La
Roche, la Cité radieuse de Marseille, le
Capitole de Chandigarh.
► « Una lampada elettrica è ormai
cosa familiare; allora, perché queste
mezze misure, anziché lasciare sem-
plicemente la lampadina scoperta,
dotata di un banale paralume in vetro
sottile ed opale, che darà l’impressio-
ne del naturale e della semplicità. »
Tanizaki Junichirô
Elogio dell’ombra
Nella Maison La Roche che realizza nel
1925 a Auteuil, Le Corbusier estremizza
la proposta di Tanizaki, allineando tre
semplici lampadine, fissate con dei tubi
al soffitto della sala da pranzo del colle-
zionista. Egli riprenderà lo stesso prin-
cipio per punteggiare la galleria: delle
FONDATION
LE CORBU-
SIER
► « An electric lamp is now a common
object; so, why these half measures,
instead of a bulb only, with a simple
lampshade of thin and opal glass, that
will give the impression of natural-
ness and simplicity. »
Tanizaki Junichirô
In Praise of Shadows
In the Maison La Roche, designed in
1925 in Auteuil, Le Corbusier, tough-
ens Tanizaki’s proposal, aligning three
simple bulbs, fixed to the ceiling with
tubes of the collector’s dining-room.
He then used the same principal to
punctuate the photographic gallery:
some simple bulbs to the extremity of a
beam or on some wall lamps composed
by a very short tube-shaped angle and
installed in the most of the corners.
On the stairs, the architectural walk is
guided by the Chalier wall lamps, ready-
made with neon lights; rest and reading
rooms are lighted up with simple table
lamps. Only the big lamp designed in
1928 is a real creation that structures
the big volume in the exhibition space,
bringing gently Cubic and Purist paint-
ings out, protecting them from the
sunlight, raising on the opposite wall.
Maison La Roche perfectly represents
the way in which the architect uses
electrical devices to fill, moderately,
natural lighting gaps, to allow the oc-
cupier to walk without danger and to
live without ostentation. In the din-
ing room, La Roche’s privileged place
to receive guests, has several lamps,
the large entrance is in semi-darkness:
monochrome room, aimed to fascinate
visitors during the day through the
light that floods from the glass panel,
minimalist lighting that welcomes
guests has to produce the same blind-
ness effect in the night… Lightings de-
sign, their positioning, their intensity
are evident in the power point between
shadow and light, between necessity
and comfort, between simplicity and
mystery… In this unique house, the
lighting choices follow the same logic
of chromatic ones: they are both an in-
tegral part of the architecture and they
equally contribute to the same extent, to
preserve the surprise effect, to preserve
the pleasure of discovery to the one that
walks though at different times of the
day, in all dimensions of space and time.
Even before having achieved his archi-
tectural creations, Le Corbusier designs
some lighting fixtures for the interiors
of his first clients’ apartments.
Thereafter, he continuously designs
lighting fixtures to accompany all his
buildings, from the modest Cabanon de
Roquebrune-Cap-Martin to the build-
ings of the Capitole de Chandigarh.
He will use bulbs with « thin and opal »
glass for his apartment at rue Nungess-
er et Coli. For the most part, he will in-
spire to the existing systems or objects
that he adapts, transforms, paints. All
will keep a simple shape, composed by
poor materials, that will adapt perfectly
to the linear elements of his architec-
ture without « contaminating » it, with-
out decorating it.
Through a common reflection and a
meticulous implementation, nemo and
the Le Corbusier Foundation wish to
transmit these qualities, re-editing a
MICHEL RICHARD,
FONDATION LE CORBUSIER,
DIRECTOR (from 2004 to 2017)