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avec des amis et je fais le tour de la Méditerranée. Mais pour
l'instant, mon ciel me suffit.
Daniel vit avec Lydie et leur chat Spoty, dans les terres
de Guérande.
FR pp.037
MARINA À MEERBUSCH. RÉGION : RHÉNANIE
FRONTIÈRES, FAMILLES, VOYAGES.
Ma vie est faite de frontières. Je suis née à Minsk, au Bélarus,
où mon père vit toujours ; j'ai étudié à Moscou ; je suis ensuite
venue travailler en Allemagne où j'ai rencontré mon mari, qui
est avocat. On s'est mariés, on a eu une fille. Autour de nous,
de nombreux tableaux que nous avons achetés lors de nos
voyages ; beaucoup sont de Minsk, ils me rappellent mon
enfance. Et beaucoup de photos de famille dans des cadres
argentés, comme autrefois : mes parents, ceux de mon mari,
son premier fils en compagnie de sa femme et de leur enfant,
notre fille, notre premier terrier qui n'est malheureusement
plus de ce monde. Nous avons acheté cette maison il y a huit
ans, à l'opposé de ce dont je rêvais : je voulais quelque chose
de vieux, de Jugendstil, mais mon mari a insisté pour que nous
allions au moins la voir. Et quand j'ai franchi le seuil, je suis
tombée amoureuse, instantanément. D'une certaine manière,
ça aussi c'était franchir une frontière : faire confiance, découvrir.
Marina vit à Meerbusch avec son mari Eckart
et leur terrier Emma.
FR pp.077
GABRIELE À CALDONAZZO. RÉGION : TRENTIN
LUMIÈRE, LENTEUR, LAC.
Pour moi, le point de la maison qui représente le plus l’idée
de « chez moi », c’est la longue table devant la fenêtre. Nous
l'avons construite avec des planches de bois récupérées sur une
ancienne jetée du lac de Caldonazzo, près d’ici. Maintenant, c'est
la table sur laquelle nous mangeons, prenons le café ; sur
laquelle ma femme écrit les contes de fées que j'aquarelle, notre
nouveau projet qui, je l'espère, deviendra bientôt un livre. Nous
sommes mariés depuis 25 ans. Nous étions très jeunes ; j'avais
22 ans, elle 21. Giada est née immédiatement, puis Camilla.
Notre regard sur le monde ensemble part d'ici, de cette
fenêtre que nous avons voulue la plus large possible : le jardin
qui est une maison loin de la maison, l'érable à l'ombre duquel
je me réfugie l'été pour lire. Ma lumière préférée ? L'heure
bleue, lorsque le coucher du soleil pénètre dans les pièces.
Nous n'avons pas de rideaux, nous aimons que les feuilles,
les ombres et les couleurs entrent à l'intérieur. Maison, nature
et lenteur : j'ai ma propre agence de communication, à Trente,
mais le vendredi je ne travaille pas. On vit.
Gabriele vit à Caldonazzo avec sa femme Paola et leurs filles.
FR pp.107
KARINA À WUPPERTAL. RÉGION : BERGISCHES LAND
FENÊTRES, JEUX, AVENIR.
Nous nous sommes rencontrés peu avant le confinement,
à Berlin, dans un club de musique techno. Et très vite, nous
avons décidé de nous installer ensemble : à Wuppertal, où
Claus habitait déjà. Nous avons traversé la pandémie
ensemble, alors que nous venions de nous rencontrer.
C’était une aventure, nous étions presque sans meubles,
avec un matelas sur le sol. C'est notre première maison, et
nous l'aimons beaucoup, notamment parce qu'elle se trouve
à l'intérieur d'un ancien bâtiment, un Fachwerkhaus, les
maisons à colombages typiques de l'Allemagne. Nous aimons
la chambre sous le toit, la fenêtre donnant sur une petite aire
de jeux. Dans notre avenir, nous voyons des enfants, une
famille, et peut-être une maison à la campagne ; pouvoir avoir
un petit potager, une chèvre. En attendant, nous regardons le
passé et le transformons : moi, Karina, je fais des collages
avec de vieux journaux, cela m’enthousiasme de donner une
nouvelle vie aux choses. C'est un peu comme acheter des
vêtements d'occasion et les remettre en état. Des vestes ou
des t-shirts pour Claus, une jupe dorée des années 70 pour
moi, inspiration Studio 54. Imaginer l'avenir à partir du passé.
Karina et Claus vivent à Wuppertal.
FR pp.141
VALÉRIE À CAEN. RÉGION : BASSE-NORMANDIE
SAISONS, ENFANTS, DRAPS.
Nous avons choisi cette maison, qui se trouve au centre de
Caen, en partie pour le jardin, où pousse de la lavande, des
roses blanches et, en été, de sublimes dahlias. Sur les murs,
des couleurs qui sont pour moi celles de la Normandie : gris,
bleu, vert se mêlent, dans la lumière du soir, pour moi la plus
belle. Nos trois enfants ne vivent plus avec nous, mais leurs
chambres sont toujours là, à les attendre, eux et leurs amis,
ce sont des chambres vivantes. J'aime avril, mai, quand le
jardin commence à bourgeonner, quand la lavande est sur le
point de fleurir ; alors je la coupe, j'en fais des sachets pour
les armoires, c'est un bout de jardin qui entre dans la maison.
Mon moment préféré ? Le dimanche matin. Je suis médecin,
comme mon mari ; le dimanche est le moment où nous
pouvons nous déconnecter, où il m'apporte le thé au lit, et où
je peux lire. Les livres m'attendent en silence sur la table de
chevet. C'est peut-être pour cela que j'aime choisir mes draps
avec soin. Un rose tendre, pourquoi pas. Cela me rappelle
aussi le printemps.
Valérie vit à Caen avec son mari Bertrand.
FR pp.191
SABRINA À MEDOLE. RÉGION : LOMBARDIE
CERFS-VOLANTS, LUCIOLES, FAISANS.
Nous sommes dans la campagne aux environs de Mantoue,
où mon père, un Brescien des vallées, emmenait les génisses
pour faire la transhumance quand il était jeune. Et où il s'est
ensuite installé. J'ai grandi ici : la maison où nous vivons
maintenant était l'ancienne grange. Et maintenant que ma
vie est trépidante entre les voyages et quatre emplois - le
quatrième, et comme je le dis, le plus important, étant d'être
une mère pour notre Matilde - revenir ici, dans le vert et le
silence, est ma paix. En réalité, le silence est relatif : il peut y
avoir des lièvres et des faisans qui se « battent » dans le pré
devant la maison... Je suis devenue entrepreneuse agricole,
et je connais tout de cette terre depuis toujours. Les bruits,
les ombres, les sons. C'est là que je me sens vraiment chez
moi. La maison, c’est la cheminée allumée, et le grand pré
éclairé par les lucioles au début de l'été. Elle offre beaucoup
d'espace pour faire voler les cerfs-volants : notre passion,
avec mon mari et ma fille. Le plus beau est peut-être une
grande pieuvre que j'ai ramenée de Pékin.
Sabrina vit à Medole avec son mari Matteo et leur
fille Matilde.
FR pp.231
MARKUS ET SANDRA À MÖNCHENGLADBACH.
RÉGION : BAS-RHIN
CAFÉ, TASSES, CHAISES.
La sécurité des objets. Pour nous, c'est un plaisir et aussi un
travail : moi, Markus, je suis architecte d'intérieur ; Sandra est
responsable de la communication d'une fabrique historique
de porcelaine allemande. Mais les objets sont notre passion :
tous, même ce qu'on appelait autrefois un bibelot, qui est
simplement une belle chose qui vous donne du bonheur.
C'est ainsi que nous avons ouvert notre galerie de design
lorsque nous vivions à Cologne ; elle est maintenant fermée,
mais nous vendons toujours en ligne. Nous avons un petit
garage où nous conservons les pièces. Beaucoup, beaucoup
sont utilisées dans notre maison : les chaises par exemple,
nous en avons plus de vingt, allant des chaises design jusqu’à
celles trouvées dans les marchés aux puces. Il n'y a pas de
coin du cœur chez nous : nous vivons la maison dans son
ensemble, dans tous les coins, tout comme nous changeons
de place et utilisons toutes les chaises. Mais il y a un rituel
qui est toujours le même : le café du matin, un vrai expresso,
fait avec du moka. Dans une petite tasse en porcelaine
blanche qui ressemble à du papier fin plié. Le premier éclair
de lumière de la journée.
Markus et Sandra vivent à Mönchengladbach.
FR pp.257
BÉNÉDICTE À GUÉRANDE. RÉGION : PAYS DE LA LOIRE
PIERRES, CÉRAMIQUES, EMPREINTES.
Je vivais à Paris, mais avec la Bretagne dans mon cœur.
Pas tant la Bretagne que les maisons bretonnes, ces maisons
solides et lourdes faites de pierre et de granit. Alors, quand
je me suis séparée, j'ai décidé de venir ici. Dans la maison
que j'ai finalement trouvée. J'ai cherché pendant longtemps ;
je n'aimais pas les rénovations, tout ce qui enlève l'âme. Et la
voilà : les anciens propriétaires avaient caché les pierres avec
du ciment, j'ai tout fait enlever, la maison s'est mise en place
et moi avec. Les grandes fenêtres sont orientées vers trois
points cardinaux différents, et j'aime voir comment la lumière
change au cours de la journée. Mon bureau est ici, je suis
journaliste. Mais ces dernières années, j'ai commencé à faire
de la céramique : assiettes, bols, vases. Dans des tons de
blanc ou de vert. J'expérimente avec des feuilles et des fleurs
que je ramasse dans mon jardin ou lors de promenades, voire
même sur la plage ; je les utilise pour laisser une empreinte
sur la céramique. Ma maison est ouverte, et ce sont les plats
avec lesquels j'invite à dîner, à la table. Et avec lesquels je
reçois les enfants du village, à qui je lis mes livres d'histoires.
Bénédicte vit dans les terres de Guérande.
FR pp.283
MEYER À COLOGNE. RÉGION : RHÉNANIE
VERRE, PEINTURES, CADRES.
Il y a une maison dans la maison : c'est mon lit, que j'ai conçu
il y a des années, légèrement surélevé, fermé par un paravent
coulissant en bois perforé qui rappelle les paravents
médiévaux japonais. C'est un lit mais aussi un boudoir, ou une
armoire, selon la façon dont on le regarde. Je l'ai construit en
95, quand la femme avec qui j'étais est partie. J'ai vécu ici
pendant quarante ans : mon appartement d'étudiant, dans ce
qui était une verrerie Jugendstil, est devenu autre chose ; et
maintenant, chaque livre, chaque tableau, me rappelle tout ce
que j'ai vécu et aimé. Les peintures, surtout. Et aussi parce
que mon travail consiste à réaliser des aménagements
muséographiques pour des expositions d'artistes. Lorsque
j'ai accroché au mur le premier grand tableau que j'ai acheté,
une figure de femme, c'était comme si j'avais soudainement
un colocataire, une présence dans la maison. En fait, je vis
seul, j'invite peu, j'ai peu d'amis. Pourtant, la partie de la
maison que je préfère est la cuisine. Parce que, comme l'a dit
quelqu'un dont je ne me souviens plus du nom, les choses les
plus intéressantes dans une fête se passent dans la cuisine.
Meyer vit dans le centre de Cologne.
French
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Foscarini — Vite
Texts by Lisa Corva